'La gestion contrastée des immigrés en situation irrégulières aux États Unis en temps de pandémie'

Un article de Thomas Lacroix (MFO) pour COVIDAM: LA COVID-19 DANS LES AMERIQUES

Les tensions entre municipalités et État fédéral traversent l’histoire des États Unis. Au tournant du 20e siècles, les villes de la côte Est étaient en majorité partisanes d’une régulation restrictive de l’immigration tandis que les autorités fédérales poussaient pour une approche plus libérale. Ce conflit ne sera résolu qu’en 1906, avec le Naturalization act qui institut au niveau fédéral le « Bureau of Immigration and Naturalization ». Au tournant du 21e siècle, c’est l’inverse. Depuis le début des années 2000, les villes dites « sanctuaires » mettent en œuvre des politiques destinées à la fois à gêner l’expulsion des migrants et leur permettre d’accéder à des services municipaux en matière de santé, de logement, de sécurité ou d’éducation. La pandémie a été une période d’exacerbation de ces lignes de fracture.

 

La politique migratoire de Donald Trump se déroule sur deux fronts : le premier est celui de la fermeture des frontières à toute forme d’immigration. Au printemps 2020, l’administration américaine profite de la situation pour bloquer les frontières sans pour autant arrêter son programme d’expulsions. L’immigration est suspendue en avril pour les détenteurs d’une carte verte. Elle ne concerne pas l’immigration temporaire (dont l’agriculture a cruellement besoin), mais à partir du mois de juin, cette fermeture est étendue aux personnes qualifiées titulaires du visa H1-B[1]. Mais c’est au niveau des demandeurs d’asile que les restrictions les plus dures sont abordées : traitement des demandes d’asile à la frontière mexicaine, restriction de l’accès aux juridictions d’appel, renforcement des exigences pour l’obtention d’un statut de réfugié. Dans le même temps, 43.000 personnes sont expulsées en direction des pays d’Amérique Centrale entre Mars et Juin, dont 20.000 pour le seul mois de Mai.

 

Le second volet de la politique migratoire de Trump a été celui d’une restriction des services de l’État providence aux citoyens non immigrés. En mars, le programme CARES[2] accorde aux citoyens américains une aide financière de 1200$. Le programme exclut les personnes immigrées qui n’ont pas de numéro de sécurité sociale[3] et leur famille, même si les membres de ces dernières possèdent la nationalité américaine. Cette exclusion est ponctuellement renforcée pour certaines catégories : le Ministre de l’éducation rédige un décret d’urgence interdisant aux établissements supérieurs de fournir une aide aux étudiants étrangers et sans papiers.

 

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Image: Check point de la border patrol américaine en Arizona (source Wikicommons).