Journées d’études pour le lancement de l’ANR 'LE GRAND ENTREPÔT'
25-26-27 Avril 2022 à l’IMéRA
Institut Méditerranéen d’Études Avancées d’Aix Marseille Université
2 place Leverrier, 13004 Marseille
Salle de séminaire premier étage, Maison Neuve
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Introduction, Présentation des membres et Enjeux du programme.
« Des zones franches aux espaces de stockage, flux, ruptures, ‘coutures’ et quels intermédiaires ? », Delphine Mercier
Résumé : En partant de travaux sur l’émergence de « zones franches » de « zones grises » industrialo commerciales, nous faisons l’hypothèse que la fonction de stockage joue un rôle crucial dans l’organisation de ce, que certains économistes nomment « économie d’entrepôt ». C’est parce qu’elles articulent gestion rationnelle des stocks, flexibilité de l’emploi et multiscalarité des circuits, que ces zones sont des espaces-temps privilégiés pour comprendre les mutations en cours des économies transnationales. L’ambition de ce projet est de montrer le rôle stratégique majeur de l’entrepôt comme espace de référence et de centralité des systèmes productifs. Nous voulons mener cette recherche : 1) à partir de lieux industriels ou commerciaux stratégiques que cette économie réactive ou réinvente, 2) à partir de filières marchandes qui en illustrent particulièrement la complexité et le mode de déploiement, 3) enfin nous voulons nous intéresser aux réseaux d’acteurs qui y trouvent une identité particulière et aux modes d’organisation du travail qu’ils valorisent, 4) dans ces réseaux d’acteurs, nous voulons accorder une attention plus particulière à ceux qui, relevant des mondes populaires, contribuent à cette économie d’entrepôt en bout de chaîne, en amenant sur des marchés dédiés les « rebuts » et les excédents.
"Le capitalisme d’entrepôt ou la double nature économique du stockage. Essai de début d’anthropologie", Michel Peraldi.
Résumé : Dans les pays jadis industriels qui ont presque totalement expulsé et externalisé la fonction productive, se développent aujourd’hui des zones considérables d’entrepôts qui assurent le stockage et la distribution des marchandises produites ailleurs. Dans les zones portuaires, ce sont désormais de gigantesques parkings à containers qui permettent à certains ports d’assurer leur place très concurrentielle dans le concert des ports mondiaux. En Afrique, on voit se développer des « pays entrepôts », comme le Benin par exemple, qui assurent presque intégralement la fonction de stockage pour des ensembles régionaux et des bassins de consommation, ici autour du Nigeria. En Chine enfin, là où s’est reterritorialisé l’essentiel des fonctions industrielles mondiales, ce sont des « villes entrepôts » qui se développent, elles aussi assurant au mieux la fonction de « méga stockage » complémentaire de la production à grande échelle qu’assurent les usines chinoises, mais également une partie de la commercialisation de ces marchandises. D’une manière plus générale, si l’on considère les grands flux matériels qui assurent la continuité des économies mondiales, énergies, argent, marchandises et informations, matières auxquelles il faut désormais en ajouter une autre sinon la plus cruciale au moins fondamentale, les déchets, il faut faire l’hypothèse que le stockage est devenu la fonction stratégique de ce siècle économique. Fonction stratégique parce qu’elle est désormais le lieu crucial de la vulnérabilité des flux, et son « moment politique », mais tout autant parce que la fonction technique et sociale de stockage a pris le pas sur la fabrication en tant que moment stratégique de formation de la valeur. Cruciale enfin, parce que, si l’on considère dans les vingt dernières années la dynamique des firmes, c’est bien dans le domaine du stockage que se développent les méga firmes et les giga profits.
