Ven. 06 Oct. 2023, 16:00 - 17:30, Blois • INSA, Bâtiment principal - Amphi Denis Papin
Pratiques de fumigation et autres dispositifs de sauvetage mis en œuvre au XVIIIe siècle pour réanimer les noyés et les personnes en état de mort apparente, cercueils innovants conçus un siècle plus tard pour permettre aux enterrés vivants de se manifester et d'appeler au secours, cryogénie et greffes d’organes qui suspendent la mort ou prolongent l’existence au-delà du dernier souffle dans nos sociétés contemporaines : toutes ces techniques nous invitent à nous interroger sur l’histoire des cultures matérielles et des imaginaires qui sont censés séparer les vivants et les morts.
Se pencher à travers l’histoire des techniques sur « les vivants et les morts », sur les relations et transitions entre ces états permet de sortir d’une vision biocentrée. En effet, les réflexions sur le passage de la vie à la mort, de la mort à la vie, se matérialisent dans des pratiques et des objets de la culture matérielle, élaborés pour retarder le décès ou pour s’assurer qu’il a bien lieu, pour prolonger la vitalité d’éléments des cadavres, voire pour tenter de réanimer des morts. À côté des constructions imaginaires de la littérature et du cinéma peuplées de rencontres avec des morts-vivants, il est instructif de se pencher sur des dispositifs concrets, élaborés pour exercer un contrôle sur des états limites. Les dispositifs qui seront présentés illustrent comment la connaissance de la vie s’est développée conjointement à l’exploration des possibilités biotechniques. Ils montrent également, qu’à côté des morts dont la place est d’ordinaire relativement fixée dans une société, la production de morts-vivants par l’ingéniosité humaine soulève des problèmes de statuts et de classifications.
Modératrice : Mélanie TRAVERSIER, Professeure d'histoire moderne, Université de Lille
Intervenants et intervenantes :
Perig PITROU, Directeur de recherche, Laboratoire d'Anthropologie Sociale - Collège de France et Maison Française d'Oxford
Marie THÈBAUD-SORGER, Chargée de recherche, Centre Alexandre-Koyré et Maison Française d'Oxford
Anton SERDECZNY, Docteur en histoire moderne, chercheur, Medici Archive Project, Florence
Stéphanie SAUGET, Maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université de Tours
Plus d'informations sur les Rendez-vous de l'histoire : https://rdv-histoire.com