COLLOQUE La nature dans la cité : émotions et représentations

PROGRAMME URBANATURE - Savoirs et cultures de la biodiversité urbaine (XIXe-XXIe siècle)

Télécharger le programme

 

L’expansion inévitable des villes du XIXe siècle modifie de plus en plus les rapports entre la ville et la campagne : des espaces ruraux disparaissent, d’autres se trouvent en contact direct avec la ville, tandis que l’aménagement urbain s’accompagne de la création d’espaces verts publics, réintroduisant en ville la nature en la domestiquant. Les défenseurs d’un urbanisme moderne – comme Hausmann à Paris – qui détruisent les quartiers historiques aux rues tortueuses mettent souvent en avant le bien-être des habitants et la nécessité d’aérer la ville pour des raisons hygiénistes. Mais si les beaux quartiers ou les nouveaux secteurs urbanisés bénéficient de cet effort, d’autres espaces urbains subissent les inconvénients de l’industrialisation : pollution et surpopulation. La ville devient le milieu de toutes les violences dans l’imaginaire conservateur, tandis que les socialistes perçoivent le monde urbain comme un univers hostile à l’homme. Les pensées libertaires, quant à elles, intègreront très vite des réflexions sur le rapport de l’homme et de la nature, faussé par la domination économique et sociale. Les premières revendications pré-écologiques sur l’aménagement urbain se trouveront ainsi fortement associées à une mise en cause des rapports sociaux.
 

Les grands travaux menés à Paris durant le XIXe siècle ont modelé un nouveau paysage urbain. Si les grands jardins privés tendent à disparaître dans les villes, l’espace public se végétalise tandis que la bourgeoisie fait entrer le vivant dans l’espace privé avec les jardins d’intérieur et les animaux domestiques. Toutefois l’écologie, esquissée d’abord par Haeckel, en 1866, ne conquiert sa place dans la science qu’au début du XXe siècle, et il faut attendre les années 1960 pour qu’elle s’impose à la conscience du grand public et se politise. Si on ne peut donc parler de conscience écologique et de défense de la biodiversité urbaine avant le XXe siècle, les mutations de la ville se répercutent dans les sensibilités et la littérature en rend compte, mettant en scène l’homme urbain et ses émotions au contact d’une nature à la fois plus proche au cœur de la ville et plus dominée ou menacée. Le ressenti des citadins alimente des rêves, des utopies, un imaginaire du jardin sauvage en ville ou le désir de brèves échappées à portée de calèche, mais aussi des réflexions plus concertées ou des expériences, comme la création de jardins ouvriers ou la construction de cités-jardins...
 

Ce colloque s’intéressera aux changements de sensibilité et portera à la fois sur des émotions et des représentations – individuelles ou collectives – dont rend compte la littérature, sans oublier les réalités historiques et la dimension politique de certaines aspirations qui se font jour dans les imaginaires utopistes ou les idéologies de la ville résiliente.


Responsable du programme Urbanature : gisele.seginger@univ-eiffel.fr
Organisatrices : gisele.seginger@univ-eiffel.fr et catriona.seth@mod-langs.ox.ac.uk
Renseignements : benedicte.percheron@univ-eiffel.fr
Site internet : https://urbanature.hypotheses.org