V. La culture vivante

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V. La culture vivante

« Toutes les productions de l’esprit français » intéressant Oxford, le rôle de la MFO était « pour ainsi dire, illimité » en matière culturelle, tout autant que scientifique : théâtre, concerts, cinéma, expositions, débats, lectures, la MFO s’ouvrait aussi vers les écoles et vers la ville. La bibliothèque était au cœur de ce dispositif. Au départ, on était censé y trouver les revues d’« un kiosque des Champs-Élysées ou de la place de l’Opéra » et les nouveautés littéraires d’une « bonne librairie parisienne », avant qu’elle ne devienne une bibliothèque d’agrément mais aussi de « travail » et ne diversifie son catalogue en Sciences Humaines et Sociales.

1. La bibliothèque, « inégalable instrument de rapprochement spirituel »

1&2. Brochure de présentation de la bibliothèque (1956)
© MFO - Archives MFO
3. La discothèque dans les étagères originales (détail, 2021)
© MFO - Archives MFO

On voit ici la brochure de présentation de la bibliothèque, en 1956, ainsi qu’une partie de la discothèque originale (musique classique, variété, livres parlés), conservée au sous-sol de la MFO. Henri Fluchère plaça la bibliothèque au cœur des activités de la MFO et en fit un élément-clé de sa stratégie de communication : bulletins trimestriels (dès avril 1947), listes des nouvelles acquisitions, carte de lecteurs gratuites pour tous les principals, fellows de français et bibliothécaires de la ville, affiches dans chaque college, etc. témoignent d’un patient travail de réseautage. De 17 ouvrages en 1946, la bibliothèque en comptait déjà 17.500 en 1962. La bibliothèque était accessible à tous, membres ou non de l’université, et les ouvrages étaient empruntables moyennant une cotisation fixée au départ à 5 shillings. Lors du déménagement à Westbury Lodge, en 1963, près de 900 lecteur.trices étaient inscrit.es à la bibliothèque, et 6000 ouvrages empruntés chaque année. Grâce à son ambiance d’abord « cosy » autour de la cheminée de Woodstock Road, à sa politique d’acquisition rigoureuse, à son catalogue à plusieurs entrées, cette bibliothèque bi-face, « de travail et d’agrément » devint en à peine dix ans un lieu incontournable du paysage oxonien.

 

Les déménagements de la MFO furent en grande partie motivés par l’expansion de la bibliothèque, élément central du dispositif de diplomatie culturelle après-guerre. La salle de lecture était installée dans la plus grande pièce de Woodstock Road et garnie d’étagères vitrées en chêne ciré, dont certaines subsistent. On y trouvait une grande table centrale, don de René Varin, des tables de travail et « Autour de la cheminée un divan, des fauteuils, des meubles bas, quelques lampes, form[ai]ent un coin tranquille et accueillant ». On y expérimenta des codes couleurs : « bleu clair pour les romans modernes, rouge pour le théâtre, noir pour les textes classiques, vert foncé pour les essais modernes, vert clair pour la critique, grenat pour la poésie, etc. Cet arc-en-ciel a le double avantage de permettre de distinguer d’un coup d’œil la nature des œuvres placées sur les rayons et, (ce qui a son importance), d’ajouter à [la] décoration de la bibliothèque ».

La bibliothèque comprenait plusieurs fonds : les ouvrages, les périodiques et les revues, les journaux et magazines, les thèses de l’Université de Paris, les disques, ainsi que des documentaires et quelques films. Les ouvrages provenaient de trois sources, en sus des dons privés : 25 ouvrages choisis chaque mois dans le « bordereau des nouveautés » édité par le Ministère, des commandes ciblées que Fluchère était autorisé à passer, en sus, pour compléter la collection, et finalement les achats d’occasion sur placele tout représentant environ 1.000 volumes par an. À partir de 1959, la MFO recevait toutes les nouveautés (45 titres) et les distribuait en fonction de leur sujet dans une dizaine de bibliothèques de la ville, et même au-delà, à Durham et Newcastle.

Le catalogue à trois entrées (auteurs, titres et sujets) représentait la vraie valeur ajoutée de la bibliothèque de la MFO. Chaque volume était accompagné de la liste des articles correspondants dans les revues auxquelles la bibliothèque était abonnée, qui étaient systématiquement dépouillées en parallèle. Le système exigeait que plusieurs personnes se relaient, au moins à temps partiel, avec des fonctions différentes selon les années (« secrétaire-bibliothécaire », « assistante-bibliothécaire », « secrétaire sténo-dactylo ») ; le directeur adjoint, Roger Hibon, supervisait la politique générale.

Il fallait que la bibliothèque trouve sa voie face aux collections de la Bodléienne, à celle de la Taylor Institution, mais aussi aux grandes librairies, comme Blackwell’s. Fluchère privilégia la complémentarité plutôt que la compétition avec, au départ, un rôle de conseil : « offrir aux Oxoniens qui s’intéressent à la culture française les mêmes volumes fraîchement parus que ceux-ci trouveraient dans une bonne librairie parisienne, les mêmes revues qu’ils pourraient acheter dans un kiosque des Champs-Élysées ou de la place de l’Opéra. Nous pouvons les guider dans le choix de leurs lectures, les renseigner sur les tendances actuelles de la pensée française. Nous voulons faire de la bibliothèque de la Maison Française non pas tellement une bibliothèque d’érudition et de référence, mais un centre actif de culture et de propagande française, qui offrira au lecteur intéressé les ressources toujours renouvelées de la vivante actualité ».

Or un tournant scientifique fut rapidement pris, en concertation avec les bibliothécaires de la Bodléienne et de la Taylorienne, parce que leurs propres fonds manquaient parfois d’exemplaires en nombre suffisant. Si la littérature contemporaine et les éditions de théâtre continuèrent à dominer les acquisitions, la critique, l’histoire, la philosophie, les sciences politiques et les livres d’art constituèrent une part de plus en plus importante. Les lecteurs étaient, pour l’essentiel, des étudiants et professeurs de français, des étudiants de PPE (Philosophy, Politics, and Economics), des étudiant.e.s français.e. candidat.e.s à la licence ou à l’agrégation d’anglais, et le public lettré oxonien. En 1959, Fluchère laissa à ses successeurs une bibliothèque dont l’« ambition proclamée [...] était de s’élever, avec les années, au niveau d’une bibliothèque d’université ». Il l’avait pensée autour de la littérature ; François Bédarida y développera les sciences humaines et sociales, qui atteindront près de 25 % du fonds à la fin de son mandat.

2. Le théâtre universitaire

Étudiant.es mauricien.nes recruté.es par Henri Fluchère dans Observatory Street (?), mi-février 1948
Créateur inconnu - Archives MFO
Britannicus (1962) et  L’École des Femmes et Andromaque (1960) au Playhouse
Créateur [au dos] : Oscar Mellor, 42 George Street Oxford
© Oscar Mellor - Archives MFO
Andromaque (1960) au Playhouse
Créateur : [au dos] Oscar Mellor, 42 George Street Oxford
© Oscar Mellor - Archives MFO

Entre 1947 et 1962, les rapports d’activité de la MFO révèlent que plus de 80 pièces françaises furent jouées à Oxford, en langue originale ou en traduction, mises en scène par l’Oxford University French Club (OUFC), l’Oxford University Dramatic Society (OUDS), l’Experimental Theatre Club (ETC), ou encore la troupe du Playhouse, mais aussi des troupes françaises invitées : les Comédiens Modernes de la Sorbonne, les Théophiliens, la Compagnie Le Levain de Poitiers, la Compagnie Henri Doublier... Parmi les auteurs contemporains, de loin les plus joués furent Anouilh et Giraudoux, suivis de Ionesco, Sartre et Roussin. Parmi les classiques, Molière dominait. La carrière d’Henri Fluchère étant tournée vers le théâtre, que ce soit en tant qu’universitaire, auteur, traducteur, ou metteur en scène, c’est lui qui imagina ce que serait la contribution de la MFO au spectacle vivant à Oxford. La première photographie, datée de mi-février 1948, porte la mention « Maurice ». Il s’agit en fait d’une référence à l’origine des étudiant.es, dont certains francophones, que Fluchère recruta pour l’aider à monter ses premières pièces. Les noms sont inscrits au dos : Alfred Koenig, Philippe Kervern, Albert Ménagé, Annie et Paul Vallet, J. Paul Hein et Robert d’Unienville. La photo a été prise devant la maison qu’occupaient Hein et Ménagé, possiblement dans Observatory Street. Koenig joua dans Le Mariage forcé puis dans Antigone, avec Ménagé, tandis que Paul Hein officiait en tant que business manager. Les autres clichés ont été pris une douzaine d’années plus tard, lors des représentations de L’École des Femmes (1960), d’Andromaque (1960) et de Britannicus (1962) au Playhouse et à l’Institut Français de Londres (1960). Les acteurs.trices ne sont pas identifié.es.

 

La MFO connut deux grandes périodes théâtrales, l’une plus contemporaine, l’autre plus classique. La première correspond à la fin des années 1940, lorsque Fluchère, tout juste arrivé, commença à asseoir sa mission de « consultant » après de l’Oxford University French Club (OUFC) : « les clubs d’étudiants s’adressent souvent à nous lorsqu’ils désirent jouer des pièces françaises : soit pour être conseillés sur le choix, soit pour être mis en rapport avec l’auteur, soit pour se procurer traduction ou traducteur ». Il est possible que Fluchère ait commencé à jouer un rôle plus important suite à l’échec de Topaze en 1948, pour lequel l’OUFC s’était passé de ses conseils : « il était peu avisé de choisir, pour être jouée par des amateurs, dans une langue étrangère, devant un public étranger, une pièce dont le charme réside uniquement en l’esprit satirique et la vivacité des répliques, et qui ne comporte presqu’aucun comique visuel. La mise en scène, médiocre, ne sauvait rien ».

Fluchère fut alors sollicité pour des mises en scène et il mobilisa le personnel de la MFO, comme Catherine Doctorow, soit pour tenir des rôles soit pour réaliser les costumes, parfois à partir de maquettes d’Henri Rey. ll y aura d’abord Le Mariage forcé et Tout-Homme, en 1948adaptation d’Everyman que Fluchère avait publiée en 1936 dans Les Cahiers du Sud. Il avait été inspiré par une représentation dans la chapelle de King’s College (Cambridge), probablement celle de l’Old Vic Theatre en 1924. Suivront Antigone, La Paix chez soi (1949) et Jean de la Lune de (1950). En 1949, le Cherwell se montra élogieux envers Antigone, « the only really promising Oxford theatrical experiment of recent years ». Après une interruption d’une dizaine d’années, c’est suite au succès de La Belle au Bois dans les jardins de « The Shrubbery » en 1959 que Fluchère reprit une activité théâtrale, cette fois davantage tournée vers le théâtre classique : L’École des Femmes (1960), avec des décors de Georges Wakhévitch, Andromaque (1960), puis Britannicus (1962).

Les contributions aux activités théâtrales de l’OUFC ne s’arrêtaient pas aux mises en scène ou aux subventions. L’OUFC organisait des lectures à haute voix chaque trimestre, jusqu’à une vingtaine par an, pièces pour lesquelles Fluchère fournissait six exemplaires, d’où le nombre de textes dramatiques dans la bibliothèque. Des acteurs.trice.es, dramaturges, metteurs en scène furent invité.e.s à intervalles réguliers, de T. S. Eliot à André Roussin, en passant par Jean-Louis Barrault et Ionesco, tradition qui se poursuivit sous le mandat de François Bédarida.

Consultant, mais aussi un peu agent, Fluchère étendit enfin ses services à l’OUDS pour aider la compagnie à monter ses tournées françaises. En 1948, l’OUDS était déjà à Paris, Poitiers, et Avignon, avec Epicœne, or The Silent Woman, de Ben Jonson. Au printemps 1949, à Paris et Bordeaux mais aussi à Marseille et Aix-en-Provence, avec Richard II. Grâce au comité « Oxford/Aix-Marseille » qu’il avait monté, Fluchère servit notamment d’intermédiaire entre la troupe et Roger Bigonnet, fondateur du Festival Mozart (aujourd’hui Festival International d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence), et contribua largement, avec Merlin Thomas, aux tournées françaises et aux échanges de troupes universitaires.

Thomas (tutor de français à New College) entra au comité directeur de la MFO en 1963. Deux des pièces qu’il mit en scène quelques années plus tard – Le Misanthrope, en 1969, et Andromaque en 1970furent placées sous le patronage direct de la Maison. À partir de 1967, l’auditorium de Norham Road, à défaut de se prêter à tout type de représentations, put commencer à accueillir certaines pièces comme La Putain respectueuse, Les Bonnes, ou La Cantatrice chauve. En matière théâtrale, comme ailleurs, la MFO jouait pleinement son rôle de passeur de culture universitaire entre la France et Oxford.

3. Un dispositif de médiation culturelle

En Vedette n°9 (novembre 1950)
© MFO - Archives MFO
Programme d’activités 1967-1968 (détail)
© MFO - Archives MFO

Il faut enfin évoquer la diversité des actions culturelles de la MFO. Les récapitulatifs de François Bédarida sont parlants : en quatre ans, de janvier 1967 à janvier 1971, la MFO organisa 159 activités, ou y contribua directement : conférences (47), séminaires (33), ciné-club (31), expositions (19), entretiens et tables rondes (11), concerts et récitals (11), manifestations théâtrales (7). Cependant—même si on connaît aujourd’hui la MFO grâce aux grands noms qui s’y sont succédéselle n’était pas, à ses débuts, maître de sa programmation. Son rôle était de recevoir les invités de l’Oxford Université French Club (OUFC) et des départements et colleges. On voit ici la couverture du 9e numéro d’un magazine intitulé En Vedette, prédécesseur d’un éphémère La Chouette aveugle, avec le logo de l’OUFC, le coq rouge gaulois. Il s’agissait de l’organe de publication de l’OUFC, tiré à 500 exemplaires, « miroir vivant de la plupart des activités du club ». Le magazine était ronéotypé par le personnel de la MFO. Est ensuite présentée une page du tout premier programme d’activités de la nouvelle MFO en 1967-1968. Ces programmes, ancêtres des term cards actuels, ont été introduits par François Bédarida à la fin des années 1960. Ils témoignent de la volonté de la MFO de s’émanciper de la programmation de l’OUFC. On voit notamment annoncées les conférences d’Yves Bonnefoy, de Jacques Derrida, et l’exposition Jean Cocteau dont l’affiche est toujours exposée dans le couloir de la MFO.

 

Dans ses premières années d’existence, c’est uniquement par des fonctions d’accueil et de réception que la MFO œuvrait, sans disposer de stratégie culturelle ou scientifique propre. Le directeur conseillait l’Oxford University French Club (OUFC) qui décidait de la programmation en toute indépendance : « C’est le président et le Comité du Club qui assument la responsabilité effective de choisir les conférenciers qu’ils désirent entendre, sur la liste qui leur est proposée soit par le Directeur de l’Institut Français à Londres, soit par le Secrétariat de l’Alliance Française : notre rôle se borne donc à les éclairer sur leur choix, et à les aider à établir un équilibre convenable entre les divers sujets [...] ». La MFO préparait un dîner ou une réception et, selon ses possibilités, logeait les invité.es sur place. L’entente n’était pas toujours parfaite entre l’OUFC et la MFO. Henri Fluchère estimait que des conférencièr.e.s choisi.e.s par les étudiant.e.s commettaient parfois des « fautes de goût » à Oxford ; au fil des ans, il œuvra pour qu’on organise moins de conférences et que les sujets soient plus ouverts, étant donné la « saturation » du marché oxonien. Selon Auguste Anglès : « L’organisation laisse à désirer ; les membres actifs sont peu nombreux, très jeunes et inexpérimentés ». Il demanda à ce que la MFO puisse disposer, à l’ouverture du nouveau bâtiment, « d’un meilleur moyen d’action ». Les séminaires, quant à eux, étaient organisés soit par les facultés, soit directement par des fellows des colleges.

Les choses évoluèrent effectivement en 1967. La marge de manœuvre de François Bédarida augmenta, même si la collaboration avec l’OUFC se poursuivit pour la grande majorité des conférences et qu’il continua de profiter de la venue de personnalités invitées, par exemple pour la Zaharoff Lecture ou pour la remise de doctorats honoris causa (Nadia Boulanger, André Chamson... ). Des conférences continuèrent bien sûr à être organisées (Malraux, Butor, Barrault, Arrabal Seyrig), ainsi que entretiens, débats ou tables-rondes dont Bédarida appréciait tout particulièrement le format, mais c’est essentiellement dans le domaine des séminaires que la différence par rapport à la période précédente se fit sentir. Il s’agissait à présent d’« entreprises conjointes de la Maison Française et d’un département de l’Université », qui étaient publiées dans l’Oxford Gazette sous ce double patronage : Barthes, Derrida, Lévi-Strauss, Foucault, Todorov, vinrent à Oxford entre 1967 et 1970. La transformation d’un centre culturel, essentiellement tourné vers la production littéraire, en un centre de recherche en SHS était amorcée.

Enfin, il faut mentionner le rôle central des expositions qui laissaient, cette fois, une part d’initiative importante à la MFO. De 1948 à 1971, 83 expositions furent organisées ; certaines, inaugurées lors de vernissages médiatisés, reçurent jusqu’à 2000 visiteurs. Des expositions étaient prêtées « clés en main » par la Direction Générale, mais d’autres étaient conçues et montées entièrement sur place. Les origines des pièces et les prêteurs étaient variés : offices du tourisme, galeries, musées et bibliothèques, collectionneurs et mécènes, artistes... Fluchère privilégia la peinture, la littérature et les livres, les gravures et lithographies, ainsi que les textiles et bien sûr le théâtre, la Provence étant aussi à l’honneur (Lucien Jacques, Pierre et Suzanne Frémont, Pierre Ambrogiani, les santons de Michelle André... ). François Bédarida se tourna vers la (grande) histoire de France : « La Résistance et la France Libre » (novembre 1968, 465 pièces et 20 prêteurs), les « Droits de l’Homme » (mai-juin 1969), « Napoléon vu par les Anglais et par les Français » (novembre-décembre 1969, montée à la demande du comité oxonien, 344 pièces et 11 prêteurs), « L’Université de Paris à travers les siècles » (février-mars 1970, 526 pièces, 22 prêteurs), la première et la dernière ayant été créées par lui. Il introduisit alors quelques nouveautés, comme des catalogues d’exposition et des visites scolaires. Au terme de ce parcours virtuel qui a retracé les vingt-cinq premières années de la Maison Française d’Oxford, il fallait rappeler la centralité des expositions dans son dispositif culturel.

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